La révolution indienne |
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Le mouvement zapatiste a poussé loin le renversement de perspective déjà opéré par les mouvements indiens qui se sont développés depuis les années soixante dans l’ensemble de l’Amérique latine : dans les Andes, l’Amazonie, en Amérique centrale. | |
Partout les Indiens se mettent en mouvement, marquant ainsi le passage de la soumission à l’émancipation, de la résistance passive à l’affirmation de soi, de l’acceptation de la dépendance à l’action autonome, de la reproduction de la tradition à la production d’une identité inscrite dans la modernité, du racisme intériorisé à la revendication à la fois de l’égalité et de la différence. Ce mouvement s’articule autour de trois revendications : le respect de l’identité, le développement socio-économique et l’intégration dans la nation. 1992 a cristallisé ce basculement. Alors que les gouvernements et les secteurs dirigeants célèbrent cinq siècles de domination coloniale et néo-coloniale, les mouvements d’Indiens prennent congé de cinq cents ans de conduites défensives et réactives. Ils manifestent à l’échelle continentale l’entrée déjà bien amorcée dans un période de valorisation de l’identité indienne. C’est une parole joyeuse et décapante qui en appelle à une mémoire débarrassée de l’image négative de l’Indien, de la honte de soi. Une façon de mettre un terme au cycle de la mort, de la fatalité, de la tragédie. Le mouvement du Chiapas est donc loin d’être accidentel. Les Indiens mayas veulent un monde où la mémoire permette de dépasser le passé, où le souvenir enrichisse le présent et l’avenir. L’Indien, discriminé, minorisé, humilié, est plus largement porteur de la revendication d’égalité de tout être humain. Ce mouvement indien, par son rapport à la terre, sa pensée, par le dynamisme de sa culture, constitue un élément essentiel du progrès du Mexique tout entier. |